A l’intérieur, concentré cubique d’art

Willem Dafoe est un acteur qui sait aussi bien apparaitre bestial que profondément humain. Dans A l’intérieur de Vasilis Katsoupis en compétition dans la catégorie Crossovers du FEFFS et en salle ce 1er novembre se montre-t-il aussi touchant que dans Beyond 2 Souls ou terrifiant à l’image du Bouffon Vert ?
Malgré son expertise dans le cambriolage de collectionneur d’œuvres d’art, Nemo se retrouve piégé par le système de sécurité d’un luxueux appartement new yorkais. Face aux dysfonctionnements de cet environnement hautement automatisé, il rivalise d’ingéniosité pour survivre et chercher à s’échapper.
Si les histoires de maisons qui se retournent contre leurs occupants ont fait les beaux jours du cinéma d’horreur comme par exemple Amityville, il n’est pas question dans A l’intérieur d’esprit frappeur mais plutôt d’intelligence artificielle malheureusement en moins poussée que dans le fantastique Génération Proteus.
Comme dans le film de Donald Cammell, bien qu’il s’agisse d’un huis-clos avec la plupart du temps un seul acteur, l’appartement occupe un rôle prépondérant via son système domotique mais aussi au niveau de son contenu, de l’architecture des différentes pièces en passant par le mobilier sans oublier les œuvres d’art.
Vasilis Katsoupis a fait appel à un commissaire d’exposition pour constituer sa « collection ». Ainsi la majorité des pièces appartiennent uniquement à des particuliers afin de renforcer l’idée qu’elles proviendraient d’un vrai collectionneur. Naturellement elles ont toutes été répliquées à l’identique pour les besoins du film.
De son côté Willem Dafoe est loin d’être éclipsé. Ne comportant que peu de dialogues, une grande partie du film repose sur son jeu extrêmement expressif y compris par le biais de son corps et de sa transformation. A travers ce robinson échoué au cœur de la civilisation, les messages véhiculés sont sans concession.
Bien que la critique soit sévère, avec d’évidentes sensibilisations aux questions écologiques et aux changements climatiques, A l’intérieur n’est pas exempt de moments particulièrement drôles liés à la condition d’être humain quand d’autres invitent tout simplement à la réflexion sur l’art et à l’introspection.
A l’intérieur flirte aussi quelque peu avec le fantastique d’où sa sélection au FEFFS. Il est surtout question de symbolisme et d’allégories de la psyché de Nemo, servies par un excellent travail sur la couleur et la lumière. Ce souci d’esthétisme n’est pas sans rappeler celui présent dans le Cube de Vincenzo Natali.
S’étant déjà prêté à l’exercice via le thriller d’épouvante Animas, le compositeur belge Frederik Van de Moortel parvient avec sa musique à restituer brillamment l’ambiance angoissante et la sensation d’inconfort du film. Comblant le manque de paroles, les bruitages occupent une place importante et sont bien reproduits.

Après son documentaire My Friend Larry Gus, Vasilis Katsoupis réalise un premier long-métrage de fiction qui n’est pas parfait mais est réussi par la réflexion qu’il inspire et surtout grâce à la prestation de Willem Dafoe qui fait définitivement partie des acteurs parmi les plus organiques d’Hollywood actuellement.


A l’intérieur
En salles le 01 novembre 2023

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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