Selma [Critique]

En étant simplement nominé aux Golden Globes dans la catégorie Meilleur réalisateur Ava DuVernay a accompli un exploit : c’est une femme noire. Jusqu’à cette année ce n’était jamais arrivé.
150112-selma-director-jhc-1358_e86fdb4825ccd8f11565600d6dabf301J’ai assisté à la projection presse de son film Selma. Il parle d’une étape décisive dans le combat mené par Martin Luther King pour les droits civiques des noirs américains.
selma1Amelia Boynton Robinson aussi est noire. En 1965 elle souhaite s’inscrire pour voter. Le problème c’est qu’elle habite à Selma, une ville du sud des Etats-Unis en Alabama. Pour qu’elle soit enregistrée, elle doit répondre à des questions absurdes ou ultra complexes qui conduisent forcement à l’échec de son inscription.
selma13Auparavant 4 fillettes ont succombé à l’explosion d’une bombe posée dans une église de Birmingham toujours en Alabama. Les auteurs de cet attentat terroriste n’ont pas été inquiétés. Aucun de leurs juges n’était noir. Il faut pour cela être inscrit sur les listes électorales.

selma4Ces 2 situations dramatiques et corrélées ainsi que les réticences du gouvernement américain à y remédier décideront Martin Luther King à entamer une longue marche pacifique de protestation.
selma9Elle partira de Selma jusqu’à Montgomery. Capitale de l’Alabama, cette ville est symbolique. Rosa Parks y avait deja posé une première pierre pour lutter contre la ségrégation raciale.
selma12La démarche de la réalisatrice pour montrer Martin Luther King sous un aspect plus humain est inédite et pertinente. Voir ce grand leader en prise avec ses doutes et ses interrogations permet de mettre en avant tous ceux qui l’ont aidé, ses amis, les Kingsmen mais aussi les femmes.
selma10 Ava DuVernay réhabilite leur rôle essentielle dans cet engagement difficile et leur lourd tribut à ce combat brutal.

selma8Il est beaucoup question de violence dans Selma et Ava Duvernay la montre sans concession. Face à ce déchaînement de haine et de sauvagerie, faire ressentir l’horreur éprouvée par les téléspectateurs américains à l’époque est particulièrement efficace.

selma7Le malaise est perceptible. L’interprétation du célèbre pasteur par David Oyelowo est irréprochable. On sent l’acteur habité par son rôle. Déjà aperçu dans Interstallar, il confirme l’étendue de son registre.
selma5Le talent de Tim Roth pour incarner le raciste gouverneur Georges Wallce est employé à bon escient. Tom Wilkinson comme pour son rôle ambigu dans Lone Ranger interprète tout en nuance le président des Etats-Unis Lyndon B. Johnson. Il se dégage de ses entretiens avec Martin Luther King une intensité psychologique et émotionnelle très bien retranscrite.
selma2bLa présence d’Oprah Winphrey en tant que productrice a sûrement été décisive pour ce film. Jouer le personnage fort et déterminé d’Annie Lee Cooper, importante activiste du mouvement  lui correspond tout à fait.
selma14La bande son servie pourtant par des chanteurs talentueux comme John Legend, Otis Redding ou la merveilleuse Martha Bass  ne sert pas véritablement le film.
selma6En dépit de quelques courtes baisses de rythme, 50 ans plus tard Selma met en image ce beau moment de l’histoire de l’Amérique contemporaine. Alors que certains droits acquis aujourd’hui semblent naturels, il en reste bien d’autres à conquérir. Devant tant de douleurs et de sacrifices qui peut prétendre reprendre le flambeau ?

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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