Blindspotting, nouveau souffle du cinéma militant américain

La modernité avec laquelle est traitée le racisme aux Etats-Unis s’est quelque peu amoindrie dernièrement. Blindspotting prix de la critique au festival du film américain de Deauville est il le signal qu’un regard plus contemporain est en train d’émerger ?

Collin est un jeune afro-américain à 3 jours de la fin de sa conditionnelle. Témoin d’une bavure policière il se tient à carreaux pour éviter de retourner en prison. Malheureusement Miles son ami avec qui il travaille dans une entreprise de déménagement vient de se procurer une arme à feu.
Dans la lignée de la tragi-comédie afro américaine, le réalisateur Carlos López Estrada insuffle à son long métrage une sensibilité et une dimension sociale comparable à la blaxploitation des années 70. Blindspotting possède également quelques airs de Do The Right Thing.
Cela se manifeste dans sa présentation d’Oakland avec de nombreux plans sur les maisons et leurs habitants mais aussi dans le découpage du film et ses transitions. Signe d’un réel souci d’authenticité Daveed Diggs natif de cette ville et son ami Rafael Casal ont coécrit le scénario durant 9 ans.
Principaux protagonistes de Blindspotting, leur complicité dans la vie fonctionne également à l’écran. La facilité avec laquelle Daveed Diggs passe d’une scène de comédie à une autre bien plus tragique sans perdre en crédibilité rend totalement légitime son rôle de « héros ».
D’un autre côté, la tension que parvient à insuffler Rafael Casal à son personnage est stressante à souhait. Enfin Janina Gavancar qui prête ses traits à Iden Versio dans Star Wars Battlefront 2 participe grandement à renforcer l’intensité dramatique du film.

Dans Blindspotting, la photographie est colorée et esthétisée avec une lumière magnifiée surtout de nuit par des effets de néons rouge et bleu. Ce style identique à celui utilisé dans la 25èmeheure  est l’œuvre du même directeur photo Robby Baumgartner qui a aussi travaillé sur Hunger Games.

Dans une Amérique qui se transforme, il n’est plus question d’appartenir à une minorité spécifique pour raconter comment elle vit l’injustice. Dans son premier long métrage Carlos López Estrada parvient à dénoncer le racisme subit par les afro-américain comme s’il l’était et l’avait vécu lui même vécu.
Ayant déclenché le mouvement #BlackLivesMatter, les violences policières est un sujet qui préoccupe beaucoup la communauté noire transatlantique. Si ce problème commence peu à peu à s’exporter en Europe, l’impact émotionnel sur la population française risque pourtant d’être de moindre importance.
Blindspotting n’en demeure pas moins un excellent film de festival notamment à Deauville où il n’a pas manqué de séduire le jury. Les amateurs de trouvailles en rap seront aussi conquis par une bande son dynamique incluant notamment des morceaux interprétés par Daveed et Raphael.
Hormis un inévitable passage appuyant un peu trop sur ce point Blindspotting est une échappée véritablement dépaysante de 95 minutes. Si les métaphores dans BlacKkKlansman vous apparaissent trop académiques et que le cinéma militant américain vous intéresse, ne manquez pas sa sortie.

Blindspotting
Sortie en salle le 3 octobre 2018

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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