Everything Everywhere All at once, parodie loufoque de Matrix

Au menu de la 9ème édition du FEFFS figurait le déroutant mais réussi Swiss Army Man du duo de Daniels Kwan et Scheinert. Leur récidive Everything Everywhere All at once sortira en France ce 31 Aout 2022. Projeté cet été à la presse au Pathé Wepler, le concept de comédie dramatique surréaliste fonctionne-t-il toujours ?
Entre son père âgé venu pour le nouvel an chinois, sa fille lesbienne avec qui elle a du mal à communiquer et son mariage qui bat de l’aile, Evelyn en se rendant au fisc pour la mauvaise gestion de sa laverie, effectue à la demande de son mari une série d’instructions fantasques qui la projette dans un univers multiple.
Pensé depuis 2016, Everything Everywhere All at once arrive dans une période où la notion d’univers parallèles est grandement exploitée par Marvel dans ses films comme dans ses séries. Toutefois au lieu d’une débauche d’effets spéciaux, le multivers des Daniels est perçu principalement à travers le vécu de leurs personnages.
Avec la capacité qu’ont ces derniers d’acquérir les souvenirs, les facultés et les émotions de leur alter ego en réalisant quelque chose de complètement insensé, on obtient une parodie loufoque de Matrix constellée de références ciné allant de Kill Bill à Ratatouille en passant par In the Mood for Love sans oublier 2001.

L’occasion est ainsi donnée à Michelle Yeoh de prouver encore une fois son talent d’actrice de films d’action et d’arts martiaux mais aussi de sortir de sa zone de confort en montrant d’autres facettes de son jeu. Extraordinaire, sa performance dépasse celle déjà incroyable de James McAvoy dans Split de Shyamalan.
Ke Huy Quan n’est pas non plus en reste. Pour son retour à Hollywood, le petit Demi Lune d’Indiana Jones et le Temple Maudit campe le rôle des différents maris d’Evelyne. Alors qu’il est absolument crédible en Jackie Chan de substitution, il réussit aussi à se montrer vraiment touchant dans les scènes plus intimistes.
Déjà rôdée aux personnages schizophréniques, Jaimie Lee Curtis interprète à merveille la parfaite caricature d’une inspectrice du fisc tout en sachant devenir à son tour un redoutable Michael Myers. Enfin comme dans le film, Stephanie Hsu pour son 1er grand rôle au cinéma a le mérite d’exister face à ces poids lourds.
Dans sa volonté de pousser l’absurde à l’extrême, Everything Everywhere All at once parvient à faire sourire avec de simples cailloux mais malheureusement donne aussi dans le très mauvais gout, n’hésitant pas à désacraliser ses stars pour un message d’un conformisme très américain : la préservation de la famille.
Composée par le groupe Son Lux, la musique verse naturellement dans la pop expérimentale n’hésitant pas à mélanger flûtes et tambours chinois avec toutes sortes de distorsions provenant d’instruments à corde. Il en résulte une bande son aérienne, suspendue, empathique en totale harmonie avec l’esprit du film.
Les Daniels ont fait preuve d’énormément d’audace en sortant Everything Everywhere All at once. Visuellement spectaculaire, il doit être apprécié en salle ne serait-ce que pour la prestation de Michelle Yeoh toutefois son côté subversif forcé et son humour pourra déplaire surtout pour un message au final assez consensuel.


Everything Everywhere All at once
Sortie en salles le 31 Aout 2022

Everything Everywhere All at once

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8.5

Général

8.5/10

Pour

  • La performance de Michelle Yeoh
  • L'onirisme visuel
  • L'abondance de costumes

Contre

  • L'humour parfois de très mauvais goût

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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