Au festival de Gerardmer, je suis passé à coté de films comme le touristique Jeruzalem, j’en ai apprécié d’autres comme le western tribal Bone Tomahawk et je me suis délecté avec le métaleux Devil’s Candy. Pourtant de tous les films fantastiques que j’ai pu voir The Witch s’est largement démarqué.
En 1630 dans la Nouvelle Angleterre, William est banni de sa très puritaine communauté à cause de certaines prises de position. Avec sa femme et ses 5 enfants, il décide se s’établir à l’écart en pleine nature. Alors que Thimosin l’ainée des enfants en a la garde, le dernier né disparait mystérieusement.
La série de malheurs qui va s’abattre progressivement et implacablement sur la famille de William ne peut être que l’oeuvre d’une force maléfique qui réside dans la forêt voisine. Déjà remarqué au Sundance Film festival, Robert Eggers réalise pour son premier long métrage une oeuvre terrifiante.
Avec une montée en tension savamment orchestrée, l’atmosphère de plus en plus pesante atteint son paroxysme dans certaines scènes véritablement perturbantes sans pour autant être dépourvues d’une certaine esthétique.
Si le jeu de Ralph Ineson, pirate Charles Vane dans Assassin’s creed 4 et Mangemort dans Harry Potter est convaincant, le désarroi de sa femme est magnifiquement exprimée par Kate Dickie.Elle incarnait déjà brillamment dans Couple in a Hole une mère dévastée par la perte de son enfant. Enfin la beauté angélique d’Anya Taylor Joy combinée au cumul d’injustices qu’elle va rencontrer confèrent à son personnage de Thomasin un charisme aussi envoutant qu’empathique.
Sans une débauche d’effets spéciaux, la façon dont Robert Eggers filme la forêt la rend inquiétante, hostile, une entité comme on pouvait la percevoir dans le cultissime Blair Witch Project.
La photographie avec son imagerie christique est particulièrement bien rendue. Grâce à un jeu de lumière emprunté au clair obscur, certaines scènes semblent directement provenir d’un tableau peint par Georges de La Tour.
Fondamentale pour ce genre de film, la cauchemardesque bande son signée par le compositeur Mark Korven glace le sang avec ses dissonances émises par la nyckelharpa, un violon médiéval suédois.
The Witch est sans conteste le films d’angoisse le plus dérangeant et stressant de ces 5 dernières années détrônant sans difficulté par l’originalité de son contexte le premier Paranormal Activity.
Si vous ne connaissez pas la peur, rendez vous au plus vite dans une salle obscure pour voir ce film. Comme Luke dans la Grotte de Dagobath, oui vous aurez peur.
The Witch
Sortie le 15 juin 2016