Olivia et le tremblement de terre invisible : un séisme de tendresse à Annecy

Après le sacre en 2024 de Mémoire d’un escargot, le stop motion continue d’être célébré à Annecy, avec entre autres Olivia et le tremblement de terre invisible. Présenté en Work-in-Progress l’an dernier, le premier long-métrage d’Irene Iborra Rizo fait désormais partie de la sélection en compétition officielle. Quel résultat après sept années d’efforts ?
La coupure d’électricité dans l’appartement qu’occupent Olivia, son petit frère Tim et leur mère Ingrid n’est que le premier signe d’une précarité qui s’annonce. Contraints de déménager dans un squat, la jeune fille tente de protéger son frère en lui faisant croire qu’ils participent à un film. Mais parfois, le décor se fissure.

Olivia et le tremblement de terre invisible est l’adaptation en stop motion du roman pour enfant La vie est un film de Maite Carranza. Déjà récompensée par de nombreux prix pour la jeunesse, cette professeure de littérature et d’histoire de la Catalogne, également écrivaine, avait déjà collaboré avec Irene Iborra à l’écriture d’une série.

Dans une certaine mesure, l’histoire n’est pas sans rappeler La vie est belle de Roberto Benigni, mais avec une inversion des rôles : ici, c’est une petite fille qui utilise son imagination comme mécanisme d’évasion mentale afin  d’aider son frère tout en soutenant moralement sa mère, dépressive et dépassée par la situation.
Si Olivia représente un modèle de résilience auquel de nombreux enfants peuvent s’identifier, elle reste avant tout une préado. Lorsque la charge émotionnelle devient trop lourde, ses réflexes de défense se manifestent instinctivement, traduits à l’écran avec une certaine poésie et une belle inventivité symbolique.
Grâce à sa chaleur visuelle, le stop motion sied parfaitement aux passages oniriques du récit. Il permet aussi de rendre les marionnettes particulièrement sympathiques, voire attachantes, et les décors moins sombres qu’ils n’auraient pu apparaitre avec une autre technique d’animation.
Politiquement engagée, la galerie de personnages qui entourent Olivia souffre parfois d’un manichéisme un peu appuyé. Entre la voisine Mamafatou, la directrice d’école ou l’assistante sociale, tous finissent par se révéler solidaires et bienveillants, tandis que les figures de son « ancien monde »  apparaissent froides et égoïstes.
Olivia et le tremblement de terre Invisible ne sombre toutefois jamais dans la démagogie prônant des valeurs humanistes comme la solidarité, dénonçant la précarité de certaines mères célibataires, célébrant les lien familiaux et soulignant l’importance de l’école dans l’apprentissage du respect des différences.

À Annecy, le film a été projeté en catalan, avec des sous-titres en anglais au grand dam des plus jeunes spectateurs. Comme l’a confirmé le générique de fin, applaudi en rythme par le public, la bande-son est une véritable réussite, notamment grâce aux morceaux à la guitare composés par Laetitia Pansanel-Garric, présente dans la salle.
Le travail titanesque fourni par Irene Iborra Rizo a porté ses fruits. Malgré un sujet sensible, Olivia et le tremblement de terre invisible a profondément ému le cœur d’Annecy, qui l’a remercié par une longue standing ovation. Si le jury ne lui décerne pas un Cristal, le film n’en reste pas moins un véritable diamant.


Olivia et le tremblement de terre invisible
Aucune date encore programmée

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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