Cop Car, Day out of Days, Tangerine et le palmarès de Deauville

A Deauville, la journée qui a suivi celle d’Elie Roth était consacrée à Orlondo Blum. Après l’inauguration de sa cabine sur la célèbre plage normande, un hommage a été rendu à l’éternel Legolas du Seigneur des Anneaux.
Cette tâche incombait à la séduisante Louise Bourgoin. Dans un esprit très canal, elle n’a pas hésité à lui communiquer le numéro de sa suite au Normandy.
J’ai pu auparavant regarder Cop Car qui est mon coup de coeur du festival. Réalisé par Jon Watts, le film raconte l’histoire de deux jeunes fugueurs qui tombent en pleine campagne sur une voiture de police abandonnée.
Sans trace de policiers aux alentours et ayant trouvé la clé de contact, les 2 inconscients décident de tailler la route. Auparavant ils auraient du s’assurer être les seuls occupants du véhicule.
Kevin Bacon est excellent dans le rôle du shérif corrompu cherchant par tous les moyens à récupérer la voiture qui pourrait le compromettre. La surprise vient toutefois des jeunes acteurs incarnant les 2 enfants.
De l’attendrissement du à leur insouciance, à la gravité de la situation dans laquelle ils vont se retrouver, ils parviennent véritablement à faire vivre au spectateur un large éventail d’émotions.
Le suspense, le rythme soutenu et la beauté des plans larges de Cop Car ont de quoi rassurer sur la qualité du prochain reboot de Spider man dont Jon Wats a la charge. Le lendemain une grande partie de l’équipe de Zoe Cassavetes était montée sur la scène du CID pour présenter Days out of Days.
Mia Roarke est une actrice qui a connu son moment de gloire mais la quarantaine approchant, les propositions se font rares et celles qui se présentent ne sont pas reluisantes. Avec sa mère à ses crochets et les dettes qui s’accumulent, jusqu’où sera t elle prête à s’abaisser pour décrocher un rôle ?
Fille de John Casavetes et de Gena Rowlands, une partie de ce que montre Zoe dans son film provient indubitablement de sa propre expérience. Les abus de faiblesse, les humiliations, le culte de la jeunesse, dépeignent une certaine réalité de notre société qui dépasse largement le simple cadre du cinéma.
Elle est d’ailleurs également bien décrite dans la série Younger où une quadra très bien conservée parvient enfin à trouver du travail uniquement à partir du moment où elle se fait passer pour une fille dans la vingtaine.
Dans Days out of Days tout comme dans Younger, les réseaux sociaux sont un excellent moyen de rester dans le coup, une cure de jouvence numérique en quelque sorte.

Dans le palmarès 2015 de Deauville figure

99 homes de Ramin Bahrani qui a obtenu le grand prix.
Le prix de la critique échoue à Krisha de Trey Edwards Shults.
Celui du public va a Dope de Rick Famuyiwa.
Le prix de la révélation a été attribué à James White de Josh Mond
Le prix d’Oranano vient récompenser Les Cowboys de Thomas Bidegain
Enfin le prix du Jury a été décerné à Tangerine de Sean Baker.

Il s’agit sans conteste du film le plus 2.0 du festival. Durant sa conférence de presse, Sean Baker a expliqué qu’il avait tourné entièrement son film avec un iphone 5S.
Habituées aux selfies, les 2 héroïnes transsexuelles n’étant pas des actrices professionnelles, leur spontanéité et leur naturel ont été plus faciles à capturer avec l’objectif du smartphone d’Apple. Le cinéma indépendant a cette aptitude à trouver des solutions alternatives et parfois de les transformer en atouts.
Polyvalent, Sean a également constitué sa bande son à partir de titres provenant de Soundcloud. L’instantanéité de courtes vidéos de Vine l’ont également inspiré pour le rythme qu’il a voulu donner au montage de Tangerine.
Tout juste sortie de prison Sin-Dee est une prostituée transsexuelle. En discutant avec sa consoeur Alexandra également du 3ème sexe elle apprend que son petit ami l’a trompée avec une fille. Sin-Dee entend obtenir des explications. Redoutant que la situation ne dégénère son amie l’accompagne.
L’itinéraire de ces 2 enfants pas vraiment gâtés fait plonger dans la réalité d’un Hollywood que l’Amérique ne veut pas montrer. Renforcée par une photographie ultra saturée, il émane de Tangerine beaucoup de vitalité, un comique quasi burlesque mais également une touchante sensibilité.
L’humanité se loge parfois en des endroits bien inattendus. Deauville terminé, il se tenait à Dinard le festival du film britannique. Avec Jean Rochefort en président du jury, cette 26 ème édition s’est avérée aussi décontractée que de qualité. Rendez-vous dans mon prochain compte rendu…