Les Ardennes

Prix du jury Sang Neuf au 8ème Festival International du Film Policier de Beaune, contraiement à Man on High Heels, Les Ardennes n’était pas dans ma liste de films à voir. Pour remédier à cette omission, j’ai profité de sa sortie en DVD, VOD et BRD le 6 septembre pour le voir.
Un cambriolage raté a conduit Kenneth en prison pour 4 and tandis que sa petite amie Sylvie et son frère Dave ont réussit à prendre la fuite. La nature ayant horreur du vide, ces derniers se sont rapprochés et la sortie prochaine du bouillant Kenneth qui ignore tout de la situation crée un véritable malaise.
Après le musical mais inégal Belgica, Les Ardennes est à nouveau l’occasion de découvrir dans un film belge une fratrie bien contrastée. Le caractère humble et mesuré Dave tranche littéralement avec celui de son ainé bouillonnant et à fleur de peau.
La composition de Kevin Janssens dans ce rôle de bombe à retardement est vraiment convaincante. Par son jeu il parvient à mettre sous tension aussi bien les autres personnages du film que le spectateur. Les seconds rôles féminins ne sont pas en reste dans le premier film de Robin Pront.
Tenus par Veerle Baetens pour Sylvie la petite amie et par Viviane De Muynck en mère des frangins, les deux actrices renforcent avec brio une impression de malaise dans un contexte sociale où misère et brutalité vont souvent de paire.
Cette violence larvée se retrouve aussi bien dans la grisaille de la photographie que dans la froideur des paysages de cette région sud du plat pays : la Wallonie ou encore dans l’utilisation de la musique. Populaire en Belgique où elle a des racines fortes, la techno est présente dans les Ardennes.
Rythmant ce drame tambour battant, ses beats continus sont autant de coups assénés à la porte de ce triangle amoureux qui finira bien par céder. Après des remixes comme celui de The First Rebirth, le passage avec Tombe la Neige d’Adamo est inévitablement efficace.
Si l’histoire est plutôt classique, les scènes où intervient Jan Bijvoet magnifique en ethnologue dans l’Etreinte du Serpent figurent parmi les plus savoureuses. Après quelques recherche sur Internet, l’anecdote concernant le comportement amoureux de la grue est partiellement vraie.
La mise en scène de Robin Pront est léchée, technique avec de jolies références comme le choix très lynchéen de son affiche. Cependant Il ne s’éloigne pas assez de l’essence théâtrale du script et cette inspiration est trop palpable tout le long du film.
Les Ardennes demeure toutefois une agréable composition même s’il s’agit plus d’une peinture sociale que d’un film policier au sens classique du terme.