Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse, l’appel animé à la révolte

La crème de ce qui se fait en animation se concentre chaque année au festival d’Annecy. 2022 n’a pas dérogé avec un prestigieux invité Michel Ocelot qui y recevait un cristal d’honneur. Forcément la projection de son dernier film Le Pharaon, Le sauvage et la Princesse était grandement attendue, sa sortie officielle est pour demain.
Une oratrice hèle son auditoire leur demandant les éléments qu’ils voudraient voir intégrés dans une histoire. Très rapidement les suggestions fusent. En les récapitulant, la conteuse décide qu’au final elle en raconterait 3, une qui se passe en Égypte, une autre en France et la dernière aura pour cadre la Turquie.
Ce choix d’introduction pour chacun des contes est singulier puisqu’il se tient sur un chantier avec en fond de multiples échafaudages.  La conteuse habillée d’une combinaison bleue est en quelque sorte l’avatar d’Ocelot comme lui-même le revendique tandis que le décor symbolise la société post pandémique à reconstruire.
Le premier conte a été fait en collaboration avec le Louvre dans le cadre de l’exposition « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata ». Il s’agit d’une adaptation de La Stèle du Songe où un roi kouchite dans le Nord du Soudan rêve de conquérir l’Égypte et à son réveil parvient à devenir pharaon.

L’animation adoptée s’inspire des bas-reliefs et des peintures égyptiennes notamment au niveau des postures. Toutefois toute l’histoire ne se déroule pas vue de profil et les caractéristiques traits de contours les personnages ont disparu afin que les éléments qui les composent se fondent dans toutes les positions.
Le second conte qui se déroule au Moyen-âge en Auvergne se rapproche des aventures de Robin des Bois. Avec un accent appuyé sur le thème de la compassion, le livre liturgiques « Les Très Riches Heures du duc de Berry » a servi de modèle pour représenter certains personnages avec des branches à leurs cheveux.
La technique utilisée rappelle celle du théâtre d’ombres. Si l’aspect économique est à prendre en compte, ces silhouettes noires tendent à retranscrire la gravité de l’histoire mais aussi la période durant laquelle elle se déroule. Ainsi les châteaux de Val et de Murol ont beaucoup servi à la retranscription des décors.
Le dernier conte semble tout droit tiré des milles et une nuits. Il met en scène un apprenti vendeur de beignets qui exploité par son patron se met à son compte tout en rêvant de pouvoir séduire une princesse. Déjà conquise par ses beignets, elle reste cependant inaccessible derrière les murs du palais à moins que …
Plus de libertés ont été prises pour cette histoire d’amour. Son approche visuelle déborde de fantaisie avec d’étonnants costumes turcs typiques de la fin 18eme et un palais ressemblant à celui de Topkapi à Istanbul. Il en va de même pour le ton résolument moderne des dialogues avec de surcroit beaucoup d’humour.
Bien que différents dans les situations les lieux et les époques  les 3 contes ont en commun un appel à la révolte contre l’autorité parentale quand elle s’exerce de manière injuste. Une position qui rencontrera à coup sur l’adhésion des enfants et qui pourra peut-être amener certains parents à se remettre un peu en question.


Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse
Sortie en salles le 19 Octobre 2022

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.