Little Nightmares III, rationaliser la peur

Même si Tarsier, le studio créateur de Little Nightmares, a été racheté par Embracer Group, l’éditeur Bandai Namco a choisi de poursuivre l’exploitation de la licence. Le succès étant au rendez-vous, ce changement de mains risque-t-il de trahir l’âme du jeu ou de n’en faire qu’une pâle copie ?

La campagne solo commence par la sélection d’un personnage parmi deux. La petite fille rousse aux deux queues de cheval porte des lunettes de soudage rondes. Le jeune garçon aux dreadlocks arbore un masque corbeau vénitien. Les deux se retrouvent dans la même pièce, mais seul le personnage choisi est contrôlable par le joueur.

Suite directe du premier opus, Little Nightmares III mélange aventure, horreur et plates-formes. Le jeu est développé par Supermassive Games, déjà expérimenté dans le jeu horrifique. Outre les excellents Until Dawn et The Quarry, le studio a participé au portage de Little Nightmares II: Enhanced Edition.

Comme dans le précédent volet, l’ajout majeur réside dans la dimension coopérative. Les énigmes nécessitent la coordination des deux protagonistes. Alone, la fille, manie tant bien que mal une lourde clé à molette mais elle court lentement. Low, le garçon, se déplace plus vite et tire à l’arc avec des flèches infinies.

Supermassive Games respecte l’héritage de la licence tout en proposant une narration plus présente. Low et Alone traversent des lieux qui révèlent peu à peu leur univers et leurs intentions. Chaque niveau guide le joueur à travers un récit plus tangible, là où les précédents volets se contentaient de suggérer et de faire ressentir.

La résolution des puzzles tarde à se corser au fil de la progression. Les séquences d’évasion, jadis cœur battant de la série, perdent de leur impact à cause de scripts trop prévisibles. Elles sont compensées par des scènes d’action où il est désormais possible d’affronter certains membres du bestiaire.

Les décors disproportionnés, les ombres mouvantes et les silhouettes distordues perpétuent l’identité de la série. L’Unreal Engine 5 offre un rendu de lumière précis, des textures soignées et des animations fluides. La variété des environnements renforce l’immersion, et les couleurs rappellent l’inspiration de Jeunet et Caro.

L’ambiance sonore reste marquante. Chaque bruit devient suspect, chaque silence oppressant. La bande originale, composée par Hugo Long en collaboration avec Tobias Lilja, amplifie le malaise. Les mélodies enfantines se mêlent à des dissonances inquiétantes pour créer un contraste saisissant.

L’aventure se termine en environ 8 h pour l’histoire principale. Les tableaux s’enchaînent rapidement comme les temps de chargement. Si le mode multijoueur incite à recommencer l’expérience, il ne fonctionne qu’en ligne. Pour compenser, le friend pass permet au deuxième joueur de participer sans acheter une copie.

Little Nightmares III prolonge un cauchemar visuellement fascinant mais perd une partie de son mystère en rationalisant la peur. Si le joueur accepte une expérience courte, linéaire et modérément innovante, il passera un bon moment. En revanche, quiconque attendait une révolution risque la déception.


Little Nighmares III
Disponible sur PS5, Xbox Series, et Switch

Little Nightmares III

51,56
9

Général

9.0/10

Pour

  • Direction artistique
  • Coopération
  • Bande-son

Contre

  • Trop court

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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