Si notamment grâce à Bollywood, l’Inde possède l’industrie cinématographique la plus prolifique du monde, sa production vidéoludique est loin d’atteindre ce niveau. Premier titre développé par le studio indien Nodding Heads Games, Raji an Ancient Epic possède-t-il les atouts pour convaincre que cette situation ne doit plus durer ?
A l’occasion de Raksha Bandhan, la fête qui célèbre l’amour fraternel Raji exécute des acrobaties tandis que son frère Golu raconte avec ses marionnettes des histoires de démons. Lorsque ces derniers débarquent pour enlever Golu, Raji est assommée. A son réveil, elle part à sa recherche. Certains dieux hindou décident de l’aider…
Portant le nom de son héroïne, Raji an Ancient Epic est un jeu d’aventure action de type beat them all avec quelques phases de jeu de plateforme. Sous la forme d’un conte ayant pour contexte l’Inde ancienne, il offre au passage l’occasion de découvrir quelques histoires caractéristiques des mythologies hindoue et balinaise.
L’aventure débute avec un tutoriel incontournable et assez exigent puisque malgré l’exécution parfois difficile de certains combos, il est impossible d’avancer dans l’histoire avant d’être parvenu au résultat escompté. Raji répond bien aux différentes commandes que ce soit durant les phases de plateforme ou de combats.
Si l’arsenal n’est pas exhaustif, sa richesse provient des multiples moyens d’utiliser une même arme. Sans être démesuré, le bestiaire est suffisamment divers pour contraindre Raji à changer ses attaques quand elle doit faire face à plusieurs types de démons simultanément. Leur IA quelque peu limitée pèsera toutefois en sa faveur.
Outre les cinématiques colorées avec des marionnettes folkloriques ou en théâtre d’ombres, les scènes permettant d’approfondir ad libitum l’histoire sont un astucieux moyen trouvé par l’équipe pour partager avec les joueurs intéressées un peu des mythes et légendes propres à leur culture.
Afin de varier le gameplay, Raji an Ancient Epic comporte des phases de jeu de plateforme qui rappellent celles de Prince of Persia. D’autre part, découpés en cercles concentriques ou en rouleau, des Mandalas à reconstituer en 2D et 3D sont des énigmes qui permettent plus de se poser que de se casser la tête.
La direction artistique déborde d’originalité. Développés sous Unreal Engine, les graphismes en plus de leur exotisme sont incroyablement riches de couleurs et de détails. Pour en apprécier toute la mesure, il est recommandé d’utiliser un écran plus grand que celui de la Switch. Le dépaysement est garanti.
La musique ne connait pas de frontière. Linus Tzelos a su capter toute l’essence spirituelle du jeu pour composer une bande son envoutante emprunte des sonorités tribales. Pour y parvenir, il n’a pas hésité à employer des instruments traditionnels comme le Ravanhatta, l’ancêtre le plus rustique du violon.
Une telle générosité n’est pas sans conséquences. Outre quelques anecdotiques ralentissements sur Switch, le véritable talon d’Achille de ce croisement entre Prince of Persia et God of Warrior provient de sa durée de vie. Les 6 heures nécessaire pour finir le jeu passent trop vite alors qu’on en voudrait bien plus.
Il est loin le temps d’Hanuman: Boy Warrior, premier jeu video développé en Inde passé quasi inaperçu à cause de la faiblesse de sa réalisation. Avec des jeux de la trempe de Raji an Ancient Epic l’Inde peut être sure de son aptitude à conquérir le divertissement du nouveau millénaire.
Raji, an Ancient Epic
Disponible sur Nintendo Switch et le 15 octobre sur PS4, Xbox One et PC