Les sorties en salle d’animés japonais ne sont pas légions exception faite des films du Studio Ghibli. Aussi lorsque j’ai eu la chance d’être invité à assister en avant première à la projection de « Lettre à Momo » de Hiroyuki Okiura, je n’ai pas hésité une seule seconde.
Momo est un prénom féminin au Japon qui signifie à la fois pêche et rose. Dans cette histoire c’est ainsi que s’appelle une petite fille de 11 ans. Elle quitte Tokyo avec sa mère Ikuko pour s’installer chez son grand oncle et sa grand tante.
Il ne s’agit pas d’un déménagement anodin car la raison pour laquelle Ikuko retourne dans son village natal est tragique. Son mari a disparu suite a un accident maritime. Se retrouvant seule pour élever sa fille, ce retour aux sources est donc dicté par des raisons aussi bien économiques que psychologiques.
Mais la logique n’est pas l’apanage des petites filles de 11 ans et ce n’est pas avec un grand enthousiasme que Momo suit sa mère. Ce qui semble la préoccuper, c est une lettre quasiment blanche, qui ne contient que ces mots: chère Momo. Pourtant de nombreuses péripéties l’attendent au village :
- s’intégrer au groupe d’amis de son voisin qui a à peu près son âge,
- surmonter sa peur des Yokai, ces monstres issus du folklore japonais dont lui a parlé son grand oncle
- se débarrasser de son sentiment de culpabilité vis à vis de son père avec lequel elle s’est disputée avant qu’il ne disparaisse en mer
- et enfin se réconcilier avec sa mère souvent absente car en recherche d’emploi
Vous l’avez compris le contexte de cet anime est assez surprenant, difficile et de ce fait original. Il contient de nombreux éléments de scénario propre aux films d’horreur. Je pense à « Carrie au bal du diable » de Brian de Palma par exemple mais rassurez vous « Lettre à Momo » est bien destiné aux petits et grands enfants.
Le contre pied utilisé par le réalisateur-scénariste Hiroyuki Okiura est judicieux. Les monstres Yokai si laids en apparence, si maladroits, ne pensent qu’a manger, légumes, poissons, sanglier tout sauf des petites filles. Au final ils en deviennent sympathiques et ne sont pas bien méchants au contraire.
Petit clin d’oeil si le Yokai dénommé Mame vous fait penser à Gollum, c’est peut être parce que son doubleur japonais a également interprété la voix de ce hobbit dans la trilogie du seigneur des anneaux de Peter Jackson.
J’ai beaucoup apprécié la poésie et la sensibilité de ce dessin animé. Suivre le cheminement de la petite Momo qui va quitter son état de petite fille un peu capricieuse et peu sure d’elle pour celui d’une petite fille plus de confiante en elle et plus responsable m’a captivé. Je n’ai vraiment pas vu passer les 2h que durent le film. Alors embarquez vous aussi dans ce voyage fantastique qui vous fera découvrir les paysages, les folklores et coutumes du pays au 4000 îles. La fête du lancer de bateau en feu est saisissante de symbolisme et rejoint en ce sens plusieurs mythologies sur le rapport à l’au-delà.
Lettre à Momo
Sortie le 25 septembre 2013
Silverword