Soutenir les développeurs chinois afin de diversifier son catalogue tout en renforçant sa présence dans l’empire du milieu constitue l’ambition de PlayStation avec son China Hero Project. Issu de cette sélection, Lost Soul Aside arrive enfin. Saura-t-il susciter le même engouement que d’autres productions chinoises récentes.

Membres de la rébellion Lueur, Kaser et sa sœur Louisa voient leur espoir de révolution s’effondrer lorsque les Kenostrix, s’abattent sur la cité. Après avoir arraché l’âme de Louisa, ces envahisseurs désespèrent Kaser. Il trouve pourtant en Arena, un dragon-symbiote, l’allié nécessaire pour sauver sa sœur et, peut-être, l’humanité tout entière.

Lost Soul Aside est un jeu de rôle d’action-aventure né de la passion d’un seul homme. Alors qu’il n’était qu’étudiant, Yang Bing diffuse en 2016 une vidéo sur YouTube qui attire l’attention de Sony. Séduit, l’éditeur lui propose d’intégrer le China Hero Project. Ultizero Games voit alors le jour, épaulé par un soutien éditorial d’envergure.
L’aventure débute par un rêve prémonitoire de Louisa sous forme de cinématique qui mène à un premier affrontement. À son réveil, elle part accueillir son frère Kaser au port. S’ensuit un tutoriel contre des soldats impériaux servant à appréhender les bases du combat et savoir comment utiliser des objets.

Inspiré à la fois par Final Fantasy VII et Devil May Cry, comme le reconnaît son directeur créatif, Lost Soul Aside combine exploration et interactions héritées du premier avec un système de combat directement calqué sur le second. Attaques au corps à corps, esquives nerveuses et contres spectaculaires rythment chaque duel.

Si la variété des enchaînements séduit et la montée en puissance demeure bien dosée, une certaine redondance finit par s’installer. Le bestiaire manque de diversité, même si l’amélioration de l’arsenal et des caractéristiques du héros apporte une dynamique de progression. Certains combats de boss privilégient l’endurance plutôt que la stratégie.

Le monde de Lost Soul Aside n’est pas ouvert. La progression s’appuie sur une structure semi-linéaire, avec de vastes zones cloisonnées par la narration. Avec l’emploi de l’Unreal Engine 4, le rendu est plutôt bon avec des panoramas éagréables, des effets de particules soignés et une fluidité solide. Le chara design reflète sans détour l’influence japonaise.

L’univers intrigue par son mélange de fantasy et de science-fiction, mais le scénario ne dépasse jamais le rôle de prétexte à l’action. Les échanges s’avèrent parfois un peu trop convenus et l’écriture inégale limite l’impact émotionnel de séquences pourtant mises en valeur par une mise en scène ambitieuse.

La musique de Zhengtao Pan accompagne l’action avec puissance, alternant orchestrations épiques et passages intimistes. Signé Yōko Shimomura connue pour son travail sur KH et FFXV, le thème principal, est très émouvant. Le doublage est disponible en anglais, chinois et japonais. Le sous-titrage en français disparait parfois.

L’histoire principale dure environ quinze heures. Les plus motivés doublent aisément cette durée grâce aux quêtes secondaires et aux défis optionnels comme les combats chronométrés ou sans dégâts. Ces épreuves, alliées à différents niveaux de difficulté, repoussent les limites des joueurs expérimentés.

Faire appel à des créateurs chinois pour insuffler un souffle nouveau au jeu vidéo constitue une initiative louable. Pourtant, au lieu d’imprégner Lost Soul Aside par l’originalité d’une autre culture comme l’a fait Clair-Obscur Expedition 33, le titre se contente de reproduire trop de codes japonais aux dépends d’une identité propre.

Malgré cette absence de prise de risques, l’expérience demeure recommandable. Lost Soul Aside électrise par son action soutenue, sa mise en scène spectaculaire et ses combats dynamiques. Toutefois, la répétitivité, l’écriture inégale et l’emprise trop marquée de ses influences empêchent le jeu de franchir le cap des chefs-d’œuvre qu’il tente d’imiter.
Lost Soul Aside
Disponible sur PS5 et PC
