Participer à des festivals permet de découvrir des pépites cinématographiques qui ne trouveront que difficilement le chemin des salles obscures françaises. Ce ne sera pas heureusement pas le cas de Man on High Heels qui a obtenu le Grand prix au Festival du Film Policier de Beaune.
Las de l’impuissance de la police à arrêter les véritables responsables du crime organisé, Ji-wook un policier aux méthodes plutôt expéditives, expert en arts martiaux corrige sévèrement un chef de la mafia japonaise. Il souhaite en finir avec son travail car il caresse le projet de devenir une femme.
Man on High Heels est un agglomérat de genres allant du policier au film dramatique en passant par le film d’action hongkongais. Sa photographie recherchée va puiser aussi bien dans le manga façon Aru Akise que dans l’esthétique de The Killer ou encore la rythmique de Kill Bill.
Lee Sung qui a déjà officié en tant que chef opérateur sur les chefs d’oeuvre que sont The Chaser et The Murderer de Na Hong-jin confirme dans Man on High Heels sa maestria au poste de directeur de la photographie surtout au niveau de la composition.
Si les seconds rôles sont plaisants et un peu caricaturaux avec le fidèle coéquipier, l’énamourée collègue de travail et l’incontournable chef de service en permanence énervé , la majorité du film repose sur son acteur principal Cha Seung Won.
Habituellement employés pour des rôles plutôt virils, le charisme et la beauté de cet ancien mannequin lui permettent d’être impérial durant les scènes de combat mais également touchant voir tragi-comique dans les moments intimistes.
Le héros d’une histoire n’est réélement valorisé que lorqu’il doit affronter un méchant à sa hauteur. La cruauté dont fait preuve le gangster Heo Gon à son égard est autant élevée que l’admiration qu’il lui porte. Une telle violence n’est pas sans rappeller la frustration déclenchée par un sentiment amoureux.
Ainsi la bande son relaie parfaitement l’image en instaurant un ambiance noire parfois taillée pour l’action ou au contraire la mélancolie. Supporter le regard des autres ne fait pas devenir une femme, on l’est quand on ne se pose plus la question explique le coach en féminité choisi par Ji Wook.
Contrairement à Tangerine qui plaidait pour l’amélioration de la situation des transsexuels à Hollywood, le thème abordé par Man on High Heels traite de l’acceptation de sa féminité et par extension de sa différence ainsi que de sa capacité à l’assumer.
Même si la fin est un peu trop attendue, véhiculer un tel message dans un pays où le sujet est tabou au sein d’une super production est une gageure que Jin Jang a remporté haut la main. Tant d’audace et de réussite qui incorporent les ressorts du cinéma sud coréen mérite vraiment le détour.
Man on High Heels
Sortie le 20 juillet 2016