Cinq ans après Ghost of Tsushima, le Japon féodal fantastique reprend vie à travers une nouvelle aventure. Sans lien direct avec l’histoire précédente, Ghost of Yotei trace son propre chemin. Cette suite spirituelle parvient-elle à surclasser le jeu précédent ou se contente-t-elle de surfer sur son succès.

Sa famille massacrée, la jeune Atsu est laissée pour morte, épinglée à un ginkgo. Après avoir survécu et s’être aguerrie pendant seize ans comme mercenaire, elle revient à Ezo pour faire payer ses agresseurs. Saito, leur chef, s’etant depuis construit une armée entière, il sera l’apogée de sa vengeance.

Ghost of Yotei est un jeu d’aventure-action en vue à la troisième personne contenant des éléments de combat, de furtivité et d’exploration en monde ouvert. Il a été développé par Sucker Punch. le studio américain racheté par Sony qui outre Ghost of Tsushima, a créé des licences reconnues comme Sly Cooper ou InFamous.

Le jeu débute par une cinématique récapitulative, suivie d’une séquence où le joueur trace les noms des Six de Yotei en kanji à l’aide du pavé tactile de la DualSense. Un premier affrontement permet d’apprendre les commandes pour l’attaque, le blocage et le lancer d’armes. Le reste survient plus tard.

Comme précédemment, Ghost of Yotei emprunte beaucoup aux codes du cinéma, tant dans son thème que dans sa réalisation. La mise en scène de la vengeance ultraviolente, ponctuée de gros plans, de champ-contre-champ et de plans larges, rappelle les westerns et évoque naturellement le Kill Bill de Tarantino.

Si les cinéphiles retrouveront avec plaisir le mode Kurosawa, 2 nouveautés enrichissent l’expérience. Le premier rend hommage à Takashi Miike en rapprochant la caméra et en intensifiant les gerbes de boue et de sang. Le second s’inspire de Shinichirō Watanabe, en remplaçant partiellement la bande-son par des musiques lo-fi.

L’exploration reste au cœur du gameplay. Elle conduit à des autels oubliés, des reliques anciennes ou des fragments d’histoires locales. Les déplacements sont fluides et réactifs. Traverser les vallées fleuries à cheval respire la mélancolie et les montagnes se dressent comme des estampes vivantes.

Le recours à l’Unreal Engine 5 se révèle judicieux. La direction artistique conserve une identité forte, portée par des graphismes sublimes. Si les animations faciales manquent parfois de nuance sur certaines scènes, les variations de lumière sont réussies et soutenues par une gestion des particules d’une grande souplesse.

Les combats reposent sur la précision. La parade exige un bon timing, l’esquive une lecture attentive des attaques. Les yokaï ajoutent une tension particulière grâce à leurs comportements variés. La montée en puissance se fait naturellement, même si le dernier tiers manque de nouveaux adversaires.

Au fil de l’aventure, Atsu débloque un arsenal d’armes de mêlée, à distance ou à projeter, offrant plus d’options pour contrer les différents ennemis. Les désarmements permettent de récupérer les armes adverses pour les relancer. Atsu peut également invoquer un loup pour l’assister dans les combats.

La bande originale confiée à Toma Otowa apporte une identité sonore claire et cohérente. Ses compositions mêlent instruments traditionnels japonais et influences modernes pour accompagner chaque scène avec justesse. Camille Donda, voix française d’Atsu, restitue avec inspiration le caractère bien trempé de l’héroïne.

La durée de vie atteint une vingtaine d’heures pour la campagne principale et peut facilement dépasser trente heures en intégrant les quêtes annexes. La rejouabilité demeure modérée mais réelle grâce aux modes cinématographiques, aux choix tactiques dans les affrontements et à quelques variantes d’équipement.

Ghost of Yotei se présente comme une aventure indépendante, soignée et sincère. Ce voyage dans un Japon féodal teinté de mysticisme séduit par son atmosphère et son sens du détail. L’ascension du mont Yotei mérite de l’attention, même si, par son classicisme, elle ne bouleverse ni son prédécesseur ni les codes du genre.