Critique de Belle de Mamoru Hosoda, la revisite Meta de la Belle et la Bête

Alors que de nombreuses incertitudes pèsent encore sur un retour à la normale, le 29 décembre 2021 est censé sortir en France la dernière production du Studio Chizu : Belle. S’il s’agit sans aucun doute de l’évènement de l’année en termes d’animation, Ryū to sobakasu no hime est-il pour autant un chef d’œuvre ?

U est un Metaverse révélant les aptitudes cachées de ses utilisateurs. En s’y connectant Suzu une lycéenne introvertie et peu sure d’elle, devient Belle la chanteuse la plus suivie du réseau. Quand un combattant brutal et recherché interrompt son concert, la superstar décide de découvrir qui se cache derrière.

Belle est une revisite par Mamoru Hosoda du célèbre conte La Belle et la Bête en version animé. Contrairement aux adaptations de Jean Cocteau ou encore de Disney, le réalisateur de Miraï, ma petite sœur a pris de nombreuses libertés vis à vis de l’histoire originelle pour y greffer ses thèmes de prédilection.

Inspiré par sa fille dont il redoute la crise d’adolescence, Hosoda évoque les problèmes de communication entre père et fille. Il interpelle sur l’utilisation nocive et bénéfique d’Internet, souligne l’importance de l’acception de soi pour se réaliser et subtilement parvient à dénoncer la maltraitance infantile

Belle est également truffé de références comme l’incontournable valse dans la salle de bal façon Disney, un passage traité sous forme de jeu vidéo de stratégie ou encore une évocation du passé d’Hosoda quand il a travaillé sur Dragonball Z, les scènes de combats de la Bête n’ayant rien à envier à celles que pourrait mener Sangoku.

D’un point de vue technique, Belle offre un spectacle visuellement impressionnant surtout dans U grâce à d’effrénés mouvements de caméra, des décors aussi enchanteurs que colorés et un design des personnages notamment de Belle qui la hisse largement au-dessus de n’importe quelle princesse Disney.

En parallèle de sa romance avec la Bête, Suzu mène la vie typique d’une lycéenne avec ses ragots et ses amourettes. Sa confidente geek qui maitrise l’internet comme personne et la star du lycée qui n’est pas aussi sure d’elle qu’elle n’y parait sont autant de ressorts comiques qui ne manqueront pas de séduire les ados.

Toutefois Belle n’est pas exempt de défauts. Le potentiel des personnages secondaires est clairement inexploité à l’image du leader des Justiciers dont la personnalité gagnerait à être approfondie. Certaines situations abusent de hasards trop heureux, d’autres manquent de cohérence notamment celles implicant les adultes.

Forcement la musique occupe une part importante dans Belle et la décision d’avoir choisi Louane pour doubler Belle dépasse la spéculative stratégie marketing. L’émotion véhiculée par la chanteuse césarisée pour son interprétation de Paula dans la Famille Bélier fait écho. Son investissement est indiscutable.

Malgré une bande son remarquable, des messages bienveillants et une thématique difficile, le film d’Hosoda ne fait pas la part assez belle au développement des personnages autres que son héroïne. Toutefois cette revisite Meta du fameux conte reste l’anime plus spectaculaire de l’année et rien qu’à ce titre il mérite d’être vu.


Belle
Sortie en salle le 29 décembre 2021

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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