Keeper, heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage

Si la crise que connaît le monde vidéoludique pousse certains grands éditeurs à se replier sur des franchises toujours « vertes », d’autres misent encore sur la créativité et la prise de risque. Afin d’alimenter le Game Pass, les studios Xbox ont choisi le jeu Keeper. S’agit-il d’une lumineuse pioche ou d’un titre à l’intérêt bien plus limité ?

Sur une île se dresse un phare abandonné. Un oiseau vient s’y reposer. Lorsqu’une étrange nuée le menace, le bâtiment s’illumine et disperse l’obscurité. Devenu conscient, le phare s’arrache de son socle, se dote de pattes et entreprend avec son compagnon ailé d’atteindre le sommet de la montagne.

Keeper est un jeu d’aventure développé par le studio indépendant Double Fine, déjà à l’origine de Psychonauts et Brutal Legend. Le directeur artistique Lee Petty s’est inspiré du surréalisme de Max Ernst et Salvador Dalí, mais aussi de films cultes comme Dark Crystal et Nausicaä de la Vallée du Vent.

Le jeu débute par une longue cinématique qui prépare à la prise en main du phare. Le joueur contrôle ses déplacements et l’orientation de sa lentille tandis que la caméra reste automatique. Il devient alors possible de concentrer le faisceau ou d’envoyer l’oiseau Brindille, interagir avec un point lumineux lorsqu’il apparaît.

Keeper repose sur l’exploration et la résolution d’énigmes. Aucune voix ni texte n’explique les événements. Brindille active des leviers et débloque des passages inaccessibles. Le phare utilise sa lumière pour déclencher des mécanismes. Au fil de la progression, ses déplacements se diversifient et maintiennent l’intérêt du joueur.

L’animation du phare rappelle celle de Luxo, la lampe emblématique de Pixar. Les décors détaillés et colorés évoquent une peinture en mouvement. L’Unreal Engine 5 permet une transformation dynamique des environnements grâce à d’impressionnants effets de lumière et de matière.

L’ambiance sonore prolonge cette harmonie. Ayant déjà collaboré avec Lee Petty sur le jeu de science-fiction Headlander, le compositeur David Earl signe une musique envoûtante. Ses arrangements trouvent un équilibre subtil entre sérénité et étrangeté, enveloppant le monde d’un sentiment de malaise fascinant.

L’aventure se conclut en environ 6 h. Le rythme alterne entre lenteur apaisante et séquences plus tendues. La progression gagne en intensité vers la fin pour se clore sur une note émotive. La rejouabilité reste limitée, l’intérêt reposant davantage sur la découverte initiale que sur la répétition.

Keeper offre une expérience rare. Il transforme un concept simple en un véritable voyage onirique. Double Fine prouve que la poésie conserve toute sa place dans le jeu vidéo. L’absence de mots renforce sa sincérité. La lumière du phare éclaire un monde en ruine et révèle la beauté du mouvement.

Keeper ne révolutionne pas le secteur mais présente une facette trop peu mise en avant de ce médium. En cherchant non seulement à distraire mais aussi à émouvoir, Double Fine propose un jeu apaisant, un feel good game qui invite à ralentir, écouter, observer et, tel Ulysse, à faire un beau voyage.


Keeper
Disponible sur Xbox Series et dans le GamePass

Keeper

29,90
9

Général

9.0/10

Pour

  • Direction artistique
  • Ambiance sonore
  • Expérience contemplative

Contre

  • Rejouabilité

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

Commentaires

    TriplesJ

    (18 novembre 2025 - 01:42)

    La DA me rappelle un peu celle de It Takes Two ! Ça donne envie de tester !

      Silverword

      (18 novembre 2025 - 04:12)

      Attention, ce n’est pas du tout un jeu coop mais bien un jeu solo

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