Bye Sweet Carole, un lapin à suivre absolument

De Matrix à American Alice McGee, de nombreuses œuvres se sont référées à Alice au pays des merveilles. Comme l’œuvre de Carroll, Bye Sweet Carole s’inscrit-il comme une aventure qui aborde métaphoriquement des sujets difficiles ou se contente-t-il de mimer des jeux vidéo au style dessin animé façon Dragon’s Lair ?

Au début du XXe siècle, Lana Benton, une jeune Anglaise, se réveille dans un jardin enchanté. Bien qu’elle ne reconnaisse pas les lieux, l’endroit lui semble familier. Quand une lettre de sa seule amie, Carole Simmons, récemment disparue de l’orphelinat où elles se sont connues, lui parvient, elle décide de partir à sa recherche.

Bye Sweet Carole est un jeu d’aventure et d’horreur narrative entièrement dessiné à la main dans le style des films d’animation classiques. Il a été développé par le studio italien Little Sewing Machine. Chris Darril, son fondateur, est connu pour avoir créé la série Remothered (Tormented Fathers et Broken Porcelain).

Le jeu commence dans un jardin où Lana doit récupérer une lettre et courir après un lapin qui s’en est emparé. Cette séquence permet de maîtriser les déplacements et d’effectuer quelques QTE. Punie pour avoir rêvé en classe, l’héroïne se retrouve ensuite dans la cave de son orphelinat, où elle doit résoudre des énigmes pour en sortir.

Les mécaniques de jeu mêlent pointer-cliquer façon Monkey Island et die and retry à la Another World. Les points d’intérêt sont signalés par un petit point jaune. Positionner Lana dessus fait apparaître un menu d’action avec des options qui se déclenchent avec les boutons de la manette.

Pour progresser, il faut résoudre des énigmes en collectant des objets, puis les utiliser à bon escient ou les combiner via l’inventaire. Il est également nécessaire de jongler entre différentes apparences ou faire appel à des amis afin de franchir différents obstacles tout en évitant plusieurs types d’agresseurs.

La précision des sauts et la réactivité des commandes ne sont pas parfaites. Certains affrontements exigent patience et observation. La tension reste constante, soutenue par les clins d’œil au conte et les surprises à chaque détour. Les personnages, même stéréotypés, dégagent une émotion sincère.

Le scénario avance par fragments, préférant la suggestion au spectaculaire. Les thèmes abordent la perte, la culpabilité et la manipulation. Si des références à Alice au pays des merveilles s’invitent à chaque étape, Bye Sweet Carole ne se contente pas de copier. Il reformule ces symboles et les détourne pour créer sa propre mythologie.

Le moteur Unity permet l’intégration d’animations entièrement dessinées image par image, évoquant l’âge d’or du dessin animé. Les fonds peints à la main offrent une texture presque tangible, tandis que les personnages bougent avec fluidité. Ce travail artisanal confère au jeu une identité unique.

L’univers sonore doit beaucoup au talent de Luca Balboni, déjà à l’œuvre dans les Remothered. Sa musique souligne les changements d’atmosphère, se fait discrète pour laisser la peur s’installer, puis s’intensifie quand la menace approche. En anglais sous-titré en français, le doublage s’avère immersif et crédible.

L’aventure se conclut en une dizaine d’heures pour ceux qui souhaitent explorer chaque recoin. La progression reste linéaire, même si quelques secrets se cachent derrière des zones dissimulées. Une fois le mystère révélé, la rejouabilité demeure faible. Le jeu se vit davantage comme une expérience narrative.

Tout en abordant des sujets difficiles, Bye Sweet Carole s’inspire d’Alice au pays des merveilles via un miroir déformant. Malgré quelques maladresses techniques, le jeu intègre brillamment la difficulté des meilleurs die and retry. Il en résulte une expérience marquante qui s’impose comme un lapin à suivre absolument.


Bye Sweet Carole
Disponible sur PS5, Xbox Series, Nintendo Switch et PC

Bye Sweet Carole

25,40
9

Général

9.0/10

Pour

  • La direction artistique
  • L'atmosphère poétique et inquiétante
  • La bande son de Luca Balboni

Contre

  • La rejouabilité
  • Des imprécisions dans les phases de plateforme

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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