Quand ils ne passent pas complètement à côté, les films ayant pour sujet les jeux vidéo ou les réseaux sociaux sont souvent déconnectés avec la réalité de ces formes d’expression numériques. En allant voir Nerve dans les locaux de Metropolitan, j’étais curieux de savoir comment elles allaient étre traitées.
Comme beaucoup d’adolescents de son âge, Vee pour Venus est ultra connectée. Smartphone Facebook et Skype font partie de son quotidien. Son amie Sydney cartonne sur Nerve. Ce jeu social propose à ses abonnés soit de payer pour regarder soit de filmer et réaliser des défis contre de l’argent. Plutôt timide, Vee décide de se lancer et grâce à son premier challenge elle rencontre Ian un autre joueur de Nerve. Le duo fonctionne tout comme l’audience. Grisé par leurs gains et leur soudaine notoriété, le couple accepte de prendre de plus en plus de risques. Le jeu vidéo mène à beaucoup de choses. Avant d’écrire Addict, Jeanne Ryan travaillait à la réalisation de jeux de simulation de guerre. La pertinence des questions soulevées dans le film adapté de son roman n’est surement pas le fruit du hasard. Avec la mise en spectacle généralisée des invidus à l’image de l’ice bucket challenge, que sommes nous prêts à faire pour avoir notre quart d’heure de célébrité ?
Depuis la professionnalisation des youtubeurs et l’arrivée de ses premiers millionnaires, les vidéos qui font le buzz sur Internet incitent à la surenchère parfois au mépris du bon sens. Qui est vraiment responsable ?
Le Prix du Danger d’Yves Boisset avec Gérard Lanvin posait déjà la même question concernant la télé réalité, l’ancêtre de Périscope. Pokemon Go fait se déplacer nombre de joueurs à un moment et à un endroit précis et cela à l’échelle de la planète. Cet extraordinaire pouvoir de décision échappant au législateur est il placé entre de bonnes mains ?
Afin d’éviter des comportements excessifs voire dangereux, l’anonymat et par extension la vie privée sur les réseaux sociaux sont ils et doivent ils préservés ?
Catfish le précèdent film d’Henry Joost et Ariel Schulman,traitait déjà précisément de cette question. Dans Nerve ils y répondent comme à celles évoquées précédemment et sans ambiguïté.
Leur mise en scène est dynamique et rythmée. La photographie de New York est magnifique, sublimée à grand renfort de néons aux couleurs fluos. Elle confère à Nerve un coté néo-rétro années 80 qui colle bien à son ambiance jeu vidéo. Elle s’appuie également sur la bande son électro pop syncopée écrite par le compositeur Rob Simonsen. Le moment où Vee entonne Cream du Wu-tan clan est croustillant sans compter le clin d’oeil avec Roy Orbisson et son You Got it.
Le couple principal campé par Emma Roberts (April dans Palo Alto) et Dave Franco (Jack Wilder dans Insaisissable 2) s’accorde parfaitement. La nièce de Julia Roberts est toujours aussi craquante que douée quand au petit frère de James, il possède définitivement le charme et le talent artistique familial. En revanche si le geek incarné par Mile Heizer est trop lisse bien enlisé dans la friendzone, Juliette Lewis en mère de Venus n’est que trop peu exploitée. De Tueurs Nés d’Oliver Stone à Radio Broker dans GTA IV, il y avait pourtant de quoi puiser dans sa palette de compositions. Sous ses allures de film pour ado, Nerve aborde donc avec brio l’univers du monde numérique connecté. Il met en scène des situations auxquelles la société aura de plus en plus à faire face et pour lesquelles aucune véritable solution n’existe pour le moment. Contrairement aux blockbusters de plus en plus creux, il prouve que le cinéma comme le jeu vidéo ou la High Tech servent à divertir mais qu’ils peuvent aussi faire réfléchir. En plus de vous faire votre avis au cinéma et de télécharger l’application, serez vous un penseur ?
