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Orthodox, Lapse of Honour en avant première et The Violators en compétition au Festival du Film Britannique [Critique]

La fin de l’année approchant, certains films en avant-première au Festival de Dinard ne seront pas distribués en France, en 2015 du moins. Pourtant Orthodox de David Leon par exemple mérite vraiment un détour par l’Hexagone.
IMG_7250Benjamin est un bon père. Il aime sa femme, tient à ses enfants. Malheureusement sa boucherie cachère ne lui permet pas du subvenir suffisamment à leurs besoins. Mis au ban de la communauté orthodoxe dont il est pourtant issu, il se bat concrètement pour faire vivre sa famille.
En participant ainsi à des matchs de boxe underground, sa vie bascule quand son ami Shannon lui propose une plus grosse combine. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Orthodox parle plus des interrogations d’un homme peinant à trouver sa place dans la société que de religion.

A cet égard le film de David Leon n’est pas tendre avec les responsables religieux qui pour maintenir leur pouvoir ont parfois recours à des méthodes peu orthodoxes. Stephen Graham, Tommy dans Snatch, embrasse le rôle principal avec force tout en laissant, la fragilité de son personnage se dévoiler.
Elle s’accorde parfaitement avec la sensibilité émouvante de Rebecca Callard qui joue sa femme Alice dans le film. Son charme emphatique et sa douceur sont perceptibles aussi bien à l’écran que dans la vie.
En plus du personnage ambigu de Shannon parfaitement interprété par Michael Smiley, le jeune et prometteur Giacomo Mancini vient compléter un casting éclairé.
Aucune date de sortie n’est annoncée non plus pour Lapse of Honour de Rayna Campbell. Eve et Tom sont jeunes et ils s’aiment. Peu leur importe qu’ils vivent dans un quartier mal famé de Manchester ou encore que leurs familles monoparentales  voient plutôt mal cette relation.
Elle veut devenir rappeuse et lui graphiste. Apprendre qu’ils vont devenir parents va les acculer au pied du mur et Tom va devoir rapidement trouver de l’argent. Shakespearien dans son traitement, ce Romeo et Juliette urbain est une chronique sociale de la vie des jeunes de banlieue d’Outre-Manche.
Les filles et garçons ne sont pas vraiment différents de leurs homologues français. Ils ont plutôt un bon fond mais la proximité avec de véritables délinquants fait souvent pencher la balance du mauvais côté. Avec la rappeuse Lady Leshurr pour interpréter le rôle d’Eve, les scènes de chant sont réussies.
Celles plus romanesques avec son partenaire à l’écran Tom Collins sont suffisamment authentiques pour qu’un jeune couple puisse s’identifier. Gary McDonald le méchant du film est d’autant plus terrifiant qu’il a l’air en apparence sympathique.
The Violators n’aura été visible en 2015 en France qu’au festival. Ce drame social se déroule également en banlieue dans le comté de Chester. Livrés à eux-mêmes Shelly et ses deux frères sont terrifiés lorsqu’ils apprennent la libération anticipée de leur père alors qu’ils ont témoigné contre lui.
Tandis qu’un trafiquant local quarantenaire fait miroiter à l’adolescente de 17 ans, la sécurité qu’elle aurait en s’abandonnant à lui, Rachel une jeune fille de son âge,  de condition bien opposée à la sienne mais au comportement troublant la met en garde.
The Violators n’est pas vraiment un film facile. Ecrite et réalisé par Helen Walsh, l’atmosphère pesante et la violence aussi bien physique que psychologique qui émaille cette oeuvre ne ménage pas le spectateur. Personne n’est épargné, même pas les enfants et surtout pas l’amour.
La photographie froide et sans concession comme la vie des personnages renforce d’autant plus cette impression. La beauté lumineuse et le jeu des deux principaux protagonistes Lauren McQueen et de Brogan Ellis ressortent  avec force dans ce monde bien sombre.
 En incarnant Sheely, Lauren incarne avec dignité et réussite un rôle difficile et éprouvant. De son côté Brogan parvient admirablement à brouiller les pistes en faisant ressortir toute la complexité de son personnage.
Définitivement, les acteurs britanniques de la génération Z promettent au cinéma anglais, un avenir radieux. Mon prochain article sur le festival de Dinard concernera la cérémonie de clôture et les lauréats de cette sélection qui ont fait de cette année 2015 une cuvée vraiment exceptionnelle.

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