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Good Kill [Critique]

Après le survol de différents sites sensibles en France par des drones au mois de mars, on peut dire que la sortie de « Good Kill » tombe à point nommé.
gk1Le film a pour protagoniste Tommy Egan, joué par Ethan Hawke, un pilote de l’U.S Air Force qui, après plusieurs missions au Moyen-Orient, est affecté au sol pour diriger des drones depuis une base militaire du Nevada. Cherchant absolument à retourner dans les airs, Egan effectue néanmoins ses tâches avec une grande précision.
Le spectateur suit, au fur et à mesure des missions, l’évolution du personnage et les tourments qui guident ses actions.
Amateurs de films d’action tonitruants s’abstenir ! Loin d’être ennuyeux, le rythme de « Good Kill » demeure néanmoins lent. Porté sur la réflexion, le film n’en est pas moins intéressant, au contraire. Le cadrage est principalement composé de gros plans, concentrés sur les visages des personnages et de plan d’ensemble, mettant en exergue la solitude du héros.
Les acteurs parviennent à exprimer avec justesse les émotions et sont crédibles tout au long de l’histoire. Parmi le nombre restreint d’acteurs principaux, on compte seulement deux femmes : Vera Suarez et Molly Eagan, respectivement la coéquipière et la femme de Tommy Eagan. Le rôle tenu par ces dernières gagne en importance tout au long du film.
On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec American Sniper, de Clint Eastwood, sorti en février 2015. Les deux films, basés sur des faits réels, ont pour protagoniste des militaires américains dont la mission est d’abattre, de façon préventive ou non, des cibles choisies par leur gouvernement. Les héros sont tous deux en proie à une lutte contre leurs démons, pris en étau entre leur devoir patriotique, leur conscience et leur vie familiale.
Cependant, si on peut reprocher à American Sniper le parti pris de son réalisateur, Good Kill ne fait pas un simple récit élogieux mais questionne : par ces actions meurtrières, ne crée-t-on pas plus de terroristes que l’on en détruit ?
A travers les paroles de Vera Suarez, jouée par Zoë Kravitz, puis les actions de Tommy Egan, c’est chaque individu que le réalisateur interroge quant à ces actions.
Andrew Niccol propose un point de vue intéressant qui remet en question les politiques actuelles menées pour lutter contre le terrorisme.
Le réalisateur de Bienvenue à Gattaca, dont Ethan Hawke était déjà l’acteur principal, pose également les bases d’une réflexion sur cette nouvelle forme de guerre, menée par des drones invisibles aux cibles qu’ils vont détruire.
Enfin, c’est le spectateur qu’il interpelle : jusqu’où peut-on suivre les ordres et aller contre ses propres convictions ? Est-on vraiment un héros lorsque l’on tue des cibles en toute sécurité à des milliers de kilomètres ?

Good Kill
Sortie le 22 avril 2015

Cet article a été écrit par Estelle R.

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