Critique d’Aurora

Dans sa diversité le cinéma est aussi surprenant que le jeu vidéo. Il peut faire office de pur divertissement ou d’expérience de vie. En allant voir Aurora de Rodrigo Sepulveda on se retrouve au Chili à côtoyer un couple Sofia et Pedro.
Dans la fleur de l’âge, le temps ne semble pas avoir éroder leur attachement mutuel. Pourtant ils n’ont pas d’enfants et leurs multiples tentatives pour en adopter ont lamentablement échoué.
Dépité Sofia apprend dans le journal qu’une enfant a été retrouvée morte abandonnée dans une décharge. Alors qu’elle souhaite lui organiser des funérailles digne de ce nom, elle est loin d’imaginer qu’elle va devoir livrer une bataille juridique de longue haleine.
Inspiré par la verticale histoire de Bernarda Gallardo, Aurora n’est pas un film facile. Pourtant en se plaçant en observateur, Rodrigo Sepulveda ne porte aucun jugement sur le comportement de cette femme.
Amparo Noguera qui interprète Sofia joue son engagement avec tellement de sincérité qu’elle parvient à embarquer dans son odyssée le spectateur curieux de savoir où cette histoire va le mener.
Malgré une lumière assez froide, la photographique et l’esthétique des plans séquence est habilement travaillée. Bien que mélancolique, la musique évite toutefois de faire sombrer dans une déprime totale.

L’humour n’est pas totalement absent dans Aurora. Par leur drôlerie, les moments complices où Sofia échange avec son amie apportent à cette femme aux blessures enfouies ainsi qu’au spectateur un peu de baume au coeur.

En soulevant en filigrane la question de l’avortement, Rodrigo Sepulveda délivre avec Aurora un film qui interroge et permettra peut être faire bouger les lignes dans son pays sur ce sujet.

Aurora
Sortie le 24 février 2016