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Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai [Critique]

Les attentats de ce début d’année à la rédaction de Charlie Hebdo ont touché beaucoup de monde en France et dans le monde entier. Pour manifester leur soutien et dénoncer cette violence beaucoup notamment des jeunes se sont réclamés être Charlie.
cavanna8Seulement on ne peut résumer l’esprit Charlie à ces seules caractéristiques. L’essence même de ce journal satirique est fortement liée à la personnalité de son créateur Francois Cavanna. Le documentaire que j’ai vu en avant-première au club Marbeuf en brosse subtilement le portrait.

A travers les témoignages truculents de la joyeuse équipe d’Hara Kiri l’ancêtre de Charlie Hebdo on en apprend plus sur la genèse de journal.
De l’abnégation, des sacrifices et de la somme énorme de travail que cela représente pour faire vivre un journal indépendant, aux luttes de pouvoir et aux compromissions inévitables quand la pression financière se fait trop forte le tracé tortueux de ce journal pas comme les autres est très bien décortiqué.
Au cours des entretiens et des conversations avec Cavanna on découvre un être sensible, intelligent grivois rêveur grande gueule mais surtout un véritable passionné d’écriture et l’on comprend mieux le caractère irrévérencieux que ce rédacteur en chef a su insuffler à son journal.
On mesure également le rôle fondamental du professeur Choron dans le processus créatif. De la complicité entre ces deux trublions naitra le premier journal qui a bouleversé les mentalités et a participé à la transformation de la société française.
On ressent aussi l’amertume ressentie par Cavanna quand cette amitié a été quelque peu entachée avec l’arrivée de Phillipe Val à la direction.
Réalisé avant les événements de ce début d’année, « Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai » évite le piège de vouloir faire pleurer dans les chaumières. Au contraire de nombreuses anecdotes sont savoureuses.
Celle où Cavanna évoque Choron ayant du donner physiquement de sa personne auprès d’une femme mécène pour payer les journalistes du journal en donne une très bonne illustration.
Bien entendu pour tous ceux qui appréciaient leur travail et leur humour, revoir Cabu, Wolinski, Charb et tous les autres au début de leur carrière est émouvant.
Si cet esprit inconvenant, libertaire et sans dieu ni maitre semble aujourd’hui compromis la passion de Cavanna dans le documentaire de Nina et Denis Robert demeure intacte. C’est une véritable source d’inspiration pour que la relève se fasse sur le web.

Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai
Sortie le 17 juin 2015

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