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Arco, tombé du ciel

Lauréat du festival d’Annecy et primé à celui du film fantastique de Strasbourg dans la catégorie animation, Arco a également été projeté en avant-première à Paris grâce au Club Allociné, en présence de son réalisateur et de sa productrice, Nathalie Portman. Un tel plébiscite avant sa sortie en salles le 22 octobre est-il justifié ?

En 2075, Iris, dix ans, et son petit frère passent leurs journées dans leur maison sous la bienveillance d’un robot humanoïde. En portant secours à un garçon de son âge tombé du ciel, suivi par une traînée multicolore, elle apprend qu’il s’appelle Arco et qu’il vient du futur. Elle décide de l’aider à rentrer chez lui.

Arco est le premier long métrage d’Ugo Bienvenu. Diplômé des Gobelins, il s’est d’abord fait connaître comme auteur de bande dessinée et animateur. Son roman graphique Préférence Système interrogeait déjà les excès de la technologie. Son style mêle influences japonaises (Otomo, Miyazaki), design rétro-futuriste et rigueur architecturale.

Dans une certaine mesure, l’histoire n’est pas sans rappeler E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg, avec au lieu d’un gentil enfant-monstre, un petit garçon tout ce qu’il y a de plus humain, à la différence qu’il provient d’un futur avancé. Son regard sur le quotidien d’Iris est critique, mais aussi source de situations comiques.

Arco ne cherche pas à révolutionner le récit d’initiation. Bienvenu garde son histoire à hauteur d’enfant, laissant la poésie et le silence remplacer les explications inutiles. Quelques longueurs se font sentir dans le dernier tiers, mais elles participent à cette sensation de contemplation, de rêve éveillé, semblable à un Ghibli.

La relation entre les deux enfants est le cœur du film. Jamais surjouée, toujours juste, elle illustre la capacité qu’ont les jeunes à se comprendre sans mots, à rêver malgré la peur. Le réalisateur évite la morale facile. Il n’est pas question de “sauver le monde”, mais de se reconnecter à ce qui fait de nous des êtres sensibles.

Un film n’est réussi que si l’antagoniste est à la hauteur : charismatique mais redoutable. Arco est de ce point de vue original, puisqu’il parvient à détourner cette sacro-sainte loi scénaristique. Tout d’abord intrigants, les personnages aux lunettes arc-en-ciel s’échappent brillamment de ce carcan par un contrepied plutôt singulier.

L’intégralité du film est dessinée à la main en 2D. La 3D a été utilisée uniquement comme base pour les visages, afin de régler les questions d’émotion, de regard et de micromouvements, ainsi que pour la maison d’Iris, complexe sur le plan architectural. L’objectif était de casser le côté trop parfait de la 3D, et le résultat s’avère concluant.

Arnaud Toulon signe ici une bande son discrète mais essentielle à l’âme du film. Sa musique accompagne le spectateur comme une brise légère. Le doublage bénéficie, lui aussi, d’un casting soigné où l’on retrouve notamment Louis Garrel. Les voix des enfants, naturelles et touchantes, renforcent la sincérité du récit.

Poétique, sincère, visuellement somptueux et musicalement enveloppant, Arco redonne foi dans l’imagination et la douceur. S’il ne bouleverse pas les codes narratifs du genre, il rappelle avec délicatesse que la beauté peut encore provenir du dessin et que l’espoir peut renaître sous la forme d’un enfant tombé du ciel.


Arco
Sortie en salles le 22 octobre 2025

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