Tale of Tales [Critique]

Après l’Eveil d’Eldorado de Duccio Chiarni, nous restons en l’Italie avec Tales of Tale de Matteo Garrone. C’est en anglais que le réalisateur de Gomorrah a choisi d’adapter cette oeuvre méconnue du grand public.
Bien avant Charles Perrault et son Chat Botté ou encore les germaniques frères Grimm qui ont enchanté le monde de Disney, le Conte des Contes ou Pentamerone est la première compilation européenne entièrement composée de contes écrite par Giambattista Basile.
Le film de Matteo Garrone nous permet de suivre 3 rois :
– le premier cherche par tous les moyens possibles de remédier à l’infertilité de sa reine
– le second néglige sa fille au point de la marier à celui qui saura résoudre une énigme qu’il pense être le seul à pouvoir résoudre

– le troisième est un obsédé sexuel qui en écoutant le chant d’une tisseuse veut la mettre dans son lit sans avoir vu son visage.
C’est à l’apparition de Vincent Cassel en roi dépravé et magnifiquement animal que l’on comprend que ce conte n’est pas vraiment destiné aux enfants. La décadence baroque et les plans orgiaques du roi ne laissent place à aucun doute.
Salma Hayek n’est pas non plus en reste dans son rôle de reine stérile. Déshumanisée par son obsession à vouloir un enfant, la scène où elle dévore comme une bête sauvage, un coeur maculé de sang est très forte.
Cependant la photographie est si recherchée, esthétique qu’elle préserve le spectateur de la cruauté de certaines scènes en le faisant basculer dans un onirisme salvateur.
Gravitant autour de l’univers du cirque, saltimbanques, troubadours, jongleurs, cracheurs de feu, nains renforcent l’ambiance extraordinaire du film.
Déjà à l’oeuvre pour la bande son des 2 derniers volets d’Harry Potter, Alexandre Desplat a composé pour Tales of Tale une musique enchanteresse, minimaliste et parfois aussi envoûtante qu’une mélodie de boite à musique.
Les contes sont souvent des métaphores permettant de tirer des leçons de vie. Celle qui est mis en exergue dans Tale of Tales concerne le désir exacerbé que l’on ne parvient pas à maitriser.
A travers lui c’est l’égoïsme qui est visé et on mesure les conséquences auxquelles ce trait de caractère peut conduire. The Tale of Tales est donc un film à méditer autant qu’à admirer.