Stephen Fingleton au Festival du Film Britannique [Interview]

Avec The Survivalist, Stephen Fingleton a réalisé un film coup de poing. Durant l’interview qu’il m’a accordé, il a évoqué des sujets passionnants comme les mécanismes de l’évolution, les 10 commandements de l’ère numérique, ses références à Jurassik Park en encore les jeux vidéo.

Où avez vous tourné ?

Stephen : Au nord de l’Irlande, à un endroit appelé Ballymoney situé près de la côte nord, proche de la Chaussée des Géants, il y a une petite forêt.

Un joli endroit, très végétal…

Stephen : Il y avait surement d’autres forêts avec plus de caractère mais c’était un endroit très pratique pour tourner avec de bonnes installations. Cela m’a permis de passer beaucoup de temps avec mon équipe et d’obtenir d’eux le meilleur au lieu de dépenser du temps à voyager. Ils ont ainsi pu se concentrer et avoir le temps dont ils avaient besoin.
forest

Etes-vous pessimiste en ce qui concerne la condition humaine ?

Stephen : Oui, on peut dire ça, je pense que les êtres humains se voient eux-même comme irrationnels mais que fondamentalement ils sont rationnels. Nous avons beaucoup plus en commun que nous le croyons. Nous construisons des centrales partout dans le monde pensant que c’est un signe d’intelligence mais ce ne l’est pas.

Pensez vous que la société peut s’organiser par elle-même sans police ?

Stephen : Je crois en la communauté, en la solidarité, c’est la seule manière de faire face aux défis du futur.
Aucun retour au cannibalisme en cas de famine et sans police ?

Stephen : Il est possible de vivre en petite communauté agraire de manière durable, le problème viendra si il y a des taxes imposées par d’autres, la plus juste des attitudes est alors la défense.
thesurvivalistD’un autre côté la plupart des civilisations indigènes sont très violentes, peut-être que la prospective d’être en paix est une conception occidentale plus spécialement d’Europe de l’est. Par exemple la violence est très commune dans beaucoup de cultures. Les gens ne réalisent pas à quel point leur pays sont violents ils ne voit que les effets secondaires.

Parlons maintenant des femmes, dans votre film peut-on dire qu’elles sont plus cyniques ou plus guidées par la logique que les hommes ?

Stephen : La motivation des personnages change quand ils sont seuls, le périple de Mijia en particulier reflète l’évolution de la pensée. La formule de la sélection de parentèle peut s’appliquer à toutes les actions de Mijia, l’estime de soi entre autre.
Mia GothPour quelle raison avez-vous filmé de manière explicite la scène de masturbation, était ce nécessaire ?

Stephen : Au départ je voulais faire un film beaucoup plus sexuel. La scène de sexe par exemple est plutôt sobre. Mis à part la scène de masturbation, je voulais plus de nudité. Je ne peux pas vous dire pour quelle raison il n’y en a pas plus mais je suis satisfait du film.

Je trouve qu’il y a un ton et une pudeur dans sa narration. Dans une certaine mesure ironiquement ces scènes sexuelles augmentent la complicité avec les spectateurs. Il y a dans la nudité une égalité entre les hommes et les femmes, c’était essentiel que l’on voit le pénis de Martin mais aussi Mia se déshabiller jusqu’à ce qu’elle soit nue.
img-martin-mccann L’intérêt de la nudité est de préparer le public à un film assez dur qui ne s’embarrasse pas des détails. Une des scènes est très difficile à regarder car on imagine plus que ce que l’on voit. C’était aussi partiellement pour protéger le reste du film de la censure, une sorte de sacrifice à consentir pour que les autres soient laissées intactes.

J’adore l’engagement dont à fait preuve Martin McCann pour son rôle. Une autre chose que je voudrais dire est que j’aime faire des films pour lancer des défis aux normes sociales. Je voulais que la caméra ne retranscrive pas toutes les attitudes ou les actions des personnages.

La bande son est fantastique, j’ai voulu la shazamer

Stephen : C’est l’oeuvre d’un groupe italien sensationnel dénommé minus&plus. La chanson au milieu du film s’appelle une chanson pour Milja mais elle n’est pas encore sortie. Vous pouvez écouter un peu de leur musique en ligne gratuitement dans Magpie le préquel à The Survivalist que j’ai réalisé. Vous le trouverez en ligne sur www.magpieshort.com et le morceau est à la fin. C’est peut être le meilleur, je l’adore. Le film n’a pas de musique excepté à la fin mais elle est géniale.

Comment les avez-vous trouvés ?

Stephen : J’ai entendu leur musique dans un court métrage qui s’appelle Reverberal. Il était évident de les choisir pour composer une musique calme. Il y a peut être une chose que vous avez remarqué, quel est l’instrument du début ? Que des tambours. Tous ces tambours et la voix isolée de la chanteuse sont une formidable façon de finir le film.

La thématique des réseaux sociaux a été beaucoup abordée dans les films sélectionnés à Deauville, votre film démontre-t-il que la vie dans le réel et en communauté est le meilleur moyen d’évoluer ?

Stephen : Je pense qu’Internet isole dans sa manière d’utiliser les technologies et crée des barrières entre les gens. C’est très pratique pour s’organiser, ce genre de choses mais beaucoup de réseau sociaux sont passifs et ne développent pas la communication. Nos connexions sociales en ligne ne sont pas comme dans la vie réelle. Douglas Rushkoff décrit cela très bien dans Les 10 commandements de l’ère numérique que je recommande à vos lecteurs c’est très court mais fantastique.
RUSHKOFF_with-robot-e1399915266209Quels films et réalisateurs vous ont inspiré, je pense à des films de science-fiction comme « Je suis une légende » ou à des jeux vidéo tel que «The Last of Us »

Stephen : The Survivalist débute avec un unique protagoniste ce que les joueurs de jeux vidéo reconnaissent quand ils se trouvent seuls dans un monde. J’aime the Walking Dead. Savez vous que nous avons créé un jeu vidéo basé sur le film : « The Survivors After The Fall » (les survivants après la chute). Il sortira en même temps que le film en mars ou avril de l’année prochaine, c’est un jeu à propos des choix que l’on doit faire.

Je ne suis pas tombé bien loin quand je parlais de jeux vidéo et pour les réalisateurs ?

Stephen : Hitchcock, ses films à suspense, je décris souvent mes créations comme des films d’Hitchcock à la fin du monde. Jean Pierre Melville, son procédé, son approche physialiste. Spielberg grosse influence de Jurassic Park pour la façon dont il dépeint la forêt. Vous vous souvenez quand le survivant regarde son frère puis il regarde sur la gauche.

Oh c’est une référence à Jurassic Park ?

Stephen : Oui c’est le Clever Girl. Tarkovsky, Stalker est une référence clé car c’est un film anti science-fiction, Ingmar Bergman, Sergio Leone, les films sur l’homme sans nom et l’homme à l’harmonica.

Quels acteurs aimeriez-vous diriger ?

Stephen : Matt Damon, je pense que c’est un incroyable acteur capable d’être invisible, j’aime son éthique son aptitude à incarner y des gens ordinaires. J’aimerais vraiment travailler avec Matt Damon, je fais passer le message j’aimerai vraiment travailler avec Matt Damon.

Ma dernière question, qu’enviez-vous le plus à la France, la nourriture, la mode ou le baiser avec la langue ?

Stephen : Pas de films, juste ces 3 choix ?

Oui choisissez ?

Stephen : Je suis obligé de dire la mode, je dirai la mode. Les gens font vraiment attention à eux, j’aime particulièrement les robes des femmes d’un certain âge en France. Les hommes aussi sont élégants plus que dans les iles britanniques. Vous vieillissez, vous vous habillez bien et vous profitez de votre retraite.
11205984_1589540211299428_4540026196436102939_nMerci à Stephen Fingleton pour tout le temps qu’il m’a consacré. Vous pouvez suivre son actualité sur son compte twitter  @sfingali. Voir son film au cinéma ne vous laissera pas indemne.

The Survivalist 
Prochainement

Silverword Auteur

Critique de Cinéma, Spécialiste High Tech, Gameur old School, le Triangle Infernal

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