Qu'Allah bénisse la France [Critique]

Le premier film d’Ab Al Malik Qu’Allah bénisse la France était projeté en avant première à L’Etoile … des Lilas à Paris . Cela m’a permit de découvrir ce lieu qui tranche quelque peu des salles habituelles où se déroulent ce genre d’évènements. En avance, le rappeur en a profité pour prendre la pose avec ses admiratrices ravies d’une telle disponibilité.
Adapté de son autobiographie homonyme, on suit le parcours du jeune Regis, fils d’immigré africain, de ses deux frères ainsi que celui de ses amis dans une cité de Strasbourg. Elevés par leur mère disposant de peu de ressources, la délinquance semble être le chemin tout désigné pour la fratrie.
Seulement Régis présente des aptitudes exceptionnelles pour le français. L’intérêt de son frère pour le rap et sa rencontre avec une jolie femme de confession musulmane et très attachée aux principes républicains lui feront emprunter une toute autre route.
Avec un chef opérateur tel que Pierre Aïm, le choix du noir et blanc confère au film une esthétique semblable à celle de La Haine. Le traitement d’une certaine réalité de la banlieue sonne juste avec les incontournables : vols, consommation et trafic de drogue, la jeunesse désoeuvrée en quête d’identité, la radicalisation de certains.
Au niveau des acteurs Marc Zinga est plutôt convaincant dans le rôle d’Ab Al mais manque un peu de charisme. Le personnage féminin joué par Sabrina Ouazini est trop caricatural.
Quand elle ne sourit pas, même si c’est craquant, son discours, trop moralisateur, contraste avec la justesse du film. La surprise viendra de Mickaël Nagenraft avec son marquant accent lillois. Il endosse avec brio le rôle tragi comique d’un ami de Regis.

Dans qu’Allah bénisse la France, ne vous attendez pas écouter un best of des morceaux d’Ab Al Malik, l’utilisation à contre pied de musique électro dans la bande son est un choix surprenant. Toutefois certains titres du rapeur sont bien chantés par Marc Zinga..

Enfin un traitement plus approfondi sur la partie universitaire de la vie du rappeur et sur ce qui l’a empêché de continuer les études aurait pu densifier son parcours initiatique.
Malgré ses bonnes intentions dans sa déclaration sur les vertus de l’école après la projection, les ressorts que Régis a du utiliser dans le film pour réussir demeurent ceux des réseaux parallèles. Je ne suis pas persuadé qu’il sera aussi facile de faire se lever un public plus neutre que celui de l’Etoile des Lilas et pourtant …