Ballad in Blood avec Ruggero Deodato au FEFFS

Cannibal Holocaust a marqué à jamais de son empreinte le cinéma de genre. Ruggero Deodato a connu bien des déboires après avoir réalisé ce pamphlet qui dénonçait déjà et avec violence le sensationnalisme des médias. Après 23 ans d’absence, il revient aux commandes avec Ballad in Blood.
Alors qu’ils peinent à émerger d’une soirée Halloween à laquelle ils ont participé la veille, Jacopo, Duke et Lenka trouvent leur amie Elisabeth, morte sur la verrière. Ne se souvenant plus de rien, ils vont tenter de reconstituer ce qu’il s’est passé en visionnant les vidéos sur le smartphone de la défunte.
Ballad in Blood est un film à l’esthétique travaillée avec des plans magnifiques, une photographie sexy et des personnages hauts en couleurs complètement déjantés Les rôles principaux sont tenus par des acteurs peu connus quand il ne s’agit pas de jeunes premiers comme Duke.
En réponse à Elie Roth et son éblouissante égérie Lorenza Isso, Ruggero Deodato met en lumière la sulfureuse sensualité de Carlotta Morelli qui vampirise littéralement l’écran. Son jeu est tout aussi troublant que celui d’Emmannuelle Seigner dans Lune de Fiel de Polanski.

Si l’histoire est plus ponctuée d’humour qu’à l’accoutumée, la charge à l’égard de la génération smartphone n’est est pas moins virulente, empruntant ainsi la même direction que The Green Inferno. D’ailleurs, l’hommage d’Elie Roth se voit retourné par un sympathique caméo.
Après la projection, l’ancien assistant de Sergio Corbucci et de Roberto Rossellini en personne était présent. Duke étant noir, je l’ai félicité de ne pas l’avoir fait mourir durant les 5 premières minutes du film comme c’est caricaturalement l’usage mais aussi d’en avoir fait un protagoniste principal.
A table, Monsieur Cannibal m’en a dit un peu plus sur le making off de son film. Il a repéré l’homme qui joue Duke alors que celui-ci travaillait … à la poste. Il n’est d’ailleurs pas mentionné sur la fiche IMDB du film. Bien qu’il ne soit pas acteur professionnel, Ruggero pense avoir éveillé en lui l’envie de le devenir.
Il m’a également confié que durant le tournage, Carlotta Morelli n’avait eu aucun problème à jouer devant l’équipe en tenue d’Eve ce que l’on peut facilement comprendre quand on voit la perfection de son anatomie, sublimée de surcroit par le maestro.
Enfin Ruggero Deodato m’a également fait part des difficultés rencontrées pour financer son film car au final il a peu récolté des formidables sommes d’argent générées par Cannibal Holocaust. Décidemment il n’y a rien de plus Business que le Show Business.
Raconter toutes les nombreuses anecdotes de ce pilier du cinéma de genre serait trop long mais j’espère que l’industrie bénéficiera encore longtemps de son talent, de son savoir et de sa façon de faire qui malheureusement tend à disparaitre.
Les critiques des films que j’ai vu durant le festival de Strasbourg continuent ainsi que mes échanges avec une autre figure du cinéma de genre. Ne manquez pas mon prochain mon compte rendu ciné.